1987 : Enfin les Macs ouverts !

Si vous avez attendu avec impatience la sortie du nouveau Mac Pro, parce que l’iMac vous paraît trop fermé, alors vous pouvez un peu imaginer l’impatience des utilisateurs de Macintosh en 1987.  En ce temps-là, la gamme Macintosh ne comportait que deux modèles, quasiment identiques (le Macintosh Plus, et une version améliorée du Macintosh 512, dite 512/800), deux machines totalement fermées, avec un écran intégré, et privées de toute capacité d’extension interne (bien que certains aient réussi à y intégrer une carte graphique ou un disque dur interne). Seule la prise SCSI réservée au Macintosh Plus offrait un peu de choix en termes de périphériques externes. Les rumeurs d’une évolution vers plus d’ouverture allaient donc bon train à l’époque, et les journalistes parlaient d’Open Mac pour désigner ces futurs modèles ouverts, comme dans cette colonne dédiée à l’Apple Expo 1986, extraite du magazine L’Ordinateur Individuel dont nous vous parlions avant-hier.

Open Mac 1987

Du côté d’Apple, on parlait plutôt de Big Mac (une marque utilisée par Mac Donald’s depuis 1967 pour désigner son sandwich à deux étages), une appellation que nous vous avons présentée il y a longtemps sur l’Aventure Apple, et qui apparaît effectivement dans cet édito du numéro de mars 1987 de l’Ordinateur Individuel. Nous ne résistons pas à l’envie de vous présenter la couverture de ce numéro, titrant sur les Macs ouverts… et sur le tout dernier portable de Compaq !

édito Chaud chaud le big macLe Big Mac, devenu Macintosh II, n’arrive pas seul : il est accompagné du Macintosh SE, pour System Expansion. Tous deux sont ouverts, comme il se doit : le Macintosh SE grace à un port d’extension interne 96 broches, et le Macintosh II, avec six ports NuBus, une technologie développée par Texas Instruments. Durant les phases de développement de ces machines ouvertes, des rumeurs les avaient un temps donné comme compatibles avec le standard IBM PC, de plus en plus répandu à l’époque. Le journaliste Michel Barreau doit donc sonner la fin de la récréation : « Les concessions à MS-DOS sont plus limitées que prévues. Le Macintosh II reste, avant tout, une machine Apple. Si le choix du Motorola 68020 face à un Intel 80386, base des futurs PC de haut de gamme, trouve sa logique dans l’évolution naturelle de la gamme Apple II – Mac I – Mac II, il procède aussi de la volonté d’Apple d’attaquer le créneau des applications techniques et scientifiques de haut niveau », avant de poursuivre : « Apple se réserve ainsi une nouvelle possibilité d’ouverture : une adaptation d’Unix pour Macintosh est en développement dans ses laboratoires. Après MS-DOS, croquera-t-elle Unix ? ».

Didier Diaz, Apple Macintosh
Didier, ou Philippe ? Il faudrait savoir !

Le dossier se poursuit par un entretien avec Didier Diaz, improprement prénommé Philippe en légende de sa photographie. Le Français, chef de produit placé auprès de Jean-Louis Gassée, décrit le Macintosh II comme le Macintosh auquel on a ajouté ce que les utilisateurs souhaitaient avoir : un écran plus grand, un processeur plus rapide, plus de mémoire vive, des capacités d’extension, et la couleur. Cette dernière option était d’ailleurs la plus controversée : à l’époque, il n’y avait pas d’imprimante en couleurs, pas de vidéo ou de photographie numérique, et les usages mêmes de l’écran en couleurs étaient difficiles à cerner pour les ingénieurs d’Apple. Dans tous les cas, le Macintosh II était annoncé comme quatre fois plus rapide que le Macintosh Plus, sans parler du coprocesseur arithmétique capable de résoudre les calculs mathématiques 200 fois plus rapidement que le processeur lui-même. Le SCSI lui-même avait été amélioré, déchargeant le système de certaines opérations confiées à une puce dédiée sur la carte-mère. Le chef de produit annonçait carrément : « Nous avons nommé la machine Mac II, parce que nous voulons qu’elle reproduise autour du Macintosh l’effet Apple II ».

Vous avez aimé ? Partagez !