L’iBook

Dès son arrivée à la tête d’Apple et le début du grand ménage, Steve Jobs avait annoncé l’intention d’Apple de créer un portable grand-public. Avec la sortie de l’iMac, en août 1998, on pouvait commencer à entrevoir que l’iBook serait aux PowerBooks ce que l’iMac était aux PowerMacs : une machine sans complexe, facile à utiliser, bon marché et surtout avec un design sans équivalent. Les rumeurs les plus folles commencèrent alors à courir sur Internet : machines avec écran tactile, nouveau Newton amélioré, écran rabattable à 180 degrés…

Enfin, après plusieurs mois de suspense, le portable grand public d’Apple est présenté lors de la conférence d’ouverture de la MacWorld Expo de New-York, le 21 juillet 1999. Comme prévu, il se positionne dans l’entrée de gamme, tant par son prix que par ses caractéristiques. C’est l’iMac Portable que l’on attendait, disponible en deux couleurs (myrtille et mandarine). Parmi les bonnes idées, on remarque la présence d’une poignée, très pratique pour transporter l’iBook sans devoir le rentrer dans un sac ! Apple fait d’ailleurs remarquer que l’iBook est le premier portable équipé d’une poignée, oubliant au passage que le Macintosh Portable de 1989 avait déjà, lui-aussi, une poignée rétractable ! 

L’iBook tel qu’il était présenté sur le site d’Apple en 1999 

L’iBook est bien un iMac portable : juste ce qu’il faut en standard, mais impossible de rajouter quoi que ce soit… L’iBook est entraîné par un PowerPC G3 cadencé à 300 Mhz secondé par 512 Ko de mémoire cache (les rumeurs avaient quelques temps annoncé l’absence de cache sur l’iBook, mais heureusement il n’en est rien). Comme sur l’iMac, le bus système est limité à 66 Mhz (contre 100 Mhz sur les G3, G4 et sur les derniers PowerBooks G3), et la mémoire vive livrée en standard est encore de seulement 32 Mo. Elle pourra être augmentée à 160 Mo par l’ajout d’une barrette de 128 Mo sur l’unique emplacement libre.

Derrière les courbes, les couleurs et les transparences, il y a aussi une philosophie de l’informatique personnelle, comme en témoignent ces clins d’œil sur la face inférieure de l’iBook. Apple a légèrement détourné les mentions habituelles « Assembled in Taiwan » et « Family Number » pour leur donner un aspect moins technocratique et plus personnel : « I was Assembled in Taiwan » et « my Family Number ». C’est l’iBook lui-même qui vous présente ses caractéristiques ! 

L’iBook et l’iMac ont été les seuls ordinateurs à se présenter eux-mêmes 

La face inférieure de l’iBook a reçu autant d’attention d’Apple que la face supérieure. Outre le logo Apple, en plastique blanc contrastant avec le plastique coloré de la coque, on y trouve deux petits contacts métalliques qui peuvent être exploités par une station de charge. C’est aussi par cette face inférieure que l’on accède à la batterie, en enlevant à l’aide d’une pièce de monnaie un cache maintenu par deux vis « quart de tour ». Ce cache est percé de petites ouïes permettant à l’air de circuler autour de la batterie. 

Comme disait Steve Jobs à propos de l’iMac : l’arrière de nos machine est plus beau que l’avant chez nos concurrents… 

L’iBook dispose d’un disque dur de 3.2 Go, là où on aurait pu en attendre 4 ou 6… Le lecteur de CD est un 24x (vitesse maximale), mais, contrairement aux PowerBooks, il est solidement ancré dans l’iBook et ne peut donc pas être échangé contre un lecteur DVD, ou tout autre baie… L’écran de l’iBook est un écran TFT de 12.1 pouces de diagonales, affichant une résolution de 800×600 pixels.

Côté communication, l’iBook est équivalent à l’iMac : l’USB prend en charge tous les périphériques (une seule prise, contre 2 sur l’iMac). Pour Internet ou les réseaux locaux, on dispose de 3 solutions : soit on passe par la carte Ethernet 10/100 baseT intégrée, soit on utilise le modem 56k (compatible V90) également intégré. Mais une troisième solution fait son apparition sur l’iBook : c’est l’AirPort (réseau Wi-Fi sans fil), sous la forme d’une carte optionnelle pour l’ordinateur, et d’une station de base à connecter à son modem ou à sa prise téléphonique. Pour le son, l’iBook dispose d’un circuit son stéréo en qualité CD, mais malheureusement cette qualité n’est pas rendue par l’unique haut-parleur intégré. 

L’iBook et son modem sans fil AirPort (du Wi-Fi renommé par Apple) 

L’iBook ne pèse que 3 kilos (à comparer aux 2.6 kilos du PowerBook G3 bronze, aux 3.5 kilos du premier PowerBook G3 et aux 7 kilos du tout premier Mac Portable) pour une épaisseur variant de 3.15 à 5.2 centimètres (contre 4.3 pour le PowerBook G3). La batterie permet jusqu’à 6 heures d’activité. Elle se recharge simplement en branchant l’iBook sur le secteur, et une petite diode circulaire qui entoure la prise indique l’état de chargement. L’adaptateur secteur a d’ailleurs la faculté de ne laisser sortir que la longueur de câble nécessaire, le reste étant conservé à l’intérieur. Grâce à ce système inspiré du Yo-Yo, finis les câbles qui traînent autour du portable lors d’une utilisation sédentaire ! Il faut aussi noter le nouveau système de fermeture du iBook : il n’y a plus de crochet ou de loquet : encore quelque chose de moins à casser…

Le prix de 1599 dollars est une bonne nouvelle, compte tenu du prix des éléments d’un ordinateur portable : il est inférieur de près de 1000 dollars à celui du PowerBook G3 ! Ce prix est en tout cas équivalent à la plupart des PC portables d’entrée de gamme, mais l’iBook reste bien plus performant grâce au G3, et tellement plus beau !

L’iBook est mis à jour à la MacWorld Expo de Tokyo, en février 2000. Les deux modèles gagnent 32 mo de mémoire vive, et un troisième modèle, appelé iBook Special Edition, habillé tout de gris, est ajouté à la gamme. Son processeur est cadencé à 366 Mhz, son disque dur passe de 4 à 6 Go et lui aussi est livré avec 64 Mo de mémoire vive, le tout pour 2000 francs… de plus que la version précédente, soit 15.000 francs.

L’Apple Expo 2000 est l’occasion pour Steve Jobs de mettre à jour la gamme iBook. Les modèles d’origine disparaissent et laissent la place à deux nouvelles couleurs : un bleu sombre appelé Indigo et une espèce de vert fluorescent appelé Key Lime. La version Graphite reste disponible, à 466 Mhz. En fait, l’iBook Key Lime est une version spéciale Internet : disponible uniquement sur l’Apple Store, il est configurable à volonté (vitesse du processeur à 366 ou 466 Mhz, quantité de mémoire vive, lecteur de CD ou de DVD…). Devant l’indignation des revendeurs Apple (et aussi, peut-être, devant son faible succès), Apple décide finalement d’abandonner le monopole de l’AppleStore sur l’iBook Key Lime qui devient accessible aux distributeurs.

Cette deuxième série d’iBook, qui reprend très exactement les formes de la première série, est aussi l’occasion de quelques petites retouches en terme de design. Le boîtier et le clavier se font moins transparents et adoptent un blanc laiteux du plus bel effet.

Le 1 mai 2001, sans même attendre les traditionnelles MacWorld Expo de juillet ou Apple Expo de septembre, Steve Jobs dévoile lors d’une réunion spéciale le remplaçant de l’iBook. La nouvelle machine abandonne complètement le design original, tout en couleurs et en rondeurs, et adopte l’aspect sobre du PowerBook G4 « Titanium », mais en plastique blanc et gris clair. Comme prévu, les nouveaux iBooks ne sont pas livrés avec MacOS X, mais toujours avec MacOS 9.1.

Le nouvel iBook conserve un processeur G3, cadencé à 500 Mhz, et l’écran 12,1 pouces d’origine (qui passe néanmoins à 1024 x 768 pixels au lieu de 800 x 600). Pour éviter de concurrencer le PowerBook G4, Apple conserve également le bus système à seulement 66 Mhz, contre 100 Mhz sur le portable G4 et 133 sur les machines de bureau. On retrouve évidemment les ports USB, FireWire, Ethernet, le modem intégré, mais aussi un port vidéo RGB permettant de brancher un écran externe, et une prise AV pour connecter la télévision ou la chaîne hi-fi (ou un simple casque stéréo). Par rapport à la génération précédente, le nouvel iBook perd 1,3 kilogrammes, 1,5 centimètres d’épaisseur, 5 centimètres de largeur et autant dans la profondeur !

Autre bonne nouvelle : les nouveaux iBooks sont moins chers de quelques centaines de francs, pour le même équipement ! Par exemple, le premier modèle équipé d’un lecteur de DVD est accessible à un peu plus de 14.000 Francs, contre plus de 15.000 pour le modèle précédent. De plus, parmi les 4 nouveaux modèles, 3 sont équipés d’origine de 128 Mo de mémoire vive, le minimum vital pour faire tourner MacOS X !

Pour certains, le nouvel iBook est en réalité le remplaçant du PowerBook 2400, un modèle qui n’avait été commercialisé qu’au Japon, et qui présentait beaucoup de similitudes avec le nouveau portable : la même taille, l’absence (devenue habituelle) de lecteur de disquettes…

Finalement, on se retrouve bien avec un Titanium « light » : même design, mais plus petit, plus léger, moins puissant, et moins cher. Seule l’épaisseur augmente ! En revanche, tout ce qui faisait la spécificité de l’iBook disparaît : la poignée, les couleurs acidulées, les formes arrondies, les plastiques au toucher si particulier… Seule la solidité à toute épreuve reste au programme, comme le prouve ici Steve Jobs !

Le 16 octobre 2001, la gamme est mise à jour : un petit modèle à 500 Mhz équipé du bus à 66 mhz d’origine reste disponible, mais deux modèles plus puissants, à 600 Mhz, équipés d’un bus à 100 Mhz et de plus gros disques durs, font leur apparition.

Le 7 janvier 2002, à l’occasion de la MacWorld Expo de San Francisco, le modèle d’entrée de gamme voit son prix baisser de 100 dollars, tandis que le modèle intéremédiaire hérite du Combo Drive venant du haut-de-gamme qui, lui, se voit doté d’un écran 14 pouces et d’un nouveau prix revu à la hausse… La gamme devient soit plus abordable, soit mieux équipée.

iBook 2001 en versions 14 et 12 pouces

Le 20 mai 2002, l’iBook évolue une nouvelle fois. Exit le 500 Mhz, les processeurs tournent maintenant à 600 et 700 Mhz. Les deux modèles haut de gamme conservent leur écran 14.1 pouces, et sont équipés d’un lecteur de DVD-graveur de CD pour l’un et d’une bête lecteur de CD pour le deuxième. Les deux modèles équipés d’un écran 12 pouces utilisent ces mêmes lecteurs, et le modèle CD conserve un processeur à 600 Mhz. La carte Radeon Mobility qui équipe certains modèles offre de bien meilleures performances que l’ancienne ATI Rage Mobility 128. Apple a également amélioré le système d’économie d’énergie et ajouté de la mémoire cache aux processeurs, ce qui rend les modèles jusqu’à 35% plus rapides que leurs prédécesseurs.

Rebelote le 6 novembre 2002, avec l’arrivée du modèle à 800 Mhz et l’abandon du modèle à 600. La nouvelle carte graphique ATI Mobility Radeon 7500 vient offrir un nouveau souffle à Quartz, le moteur graphique de MacOS X. Faisant preuve d’une générosité sans limite, Apple profite même de la mise à jour pour baisser le prix de tous ses modèles, offrant pour la première fois un modèle de portable à moins de 1000 dollars ! Pour le prix de l’iBook original, on a maintenant un écran 14 pouces, un G3 à 800 Mhz, 256 Mo de ram, la carte graphique sus-nommée, et 30 Go de disque dur, sans oublier le combo DVD-CD-R…

C’est en octobre 2003, plus précisément le 22, qu’Apple tourne la page du processeur G3, pour équiper ses iBooks d’un processeur G4. 800, 933 et 1000 Mhz, dans un boîtier qui reste inchangé à l’exception du lecteur Combo qui devient « mange-disque » c’est-à-dire sans tiroir. Le 14 pouces, dont on avait annoncé la disparition, reste bien présent, c’est d’ailleurs lui qui embarque seul les processeurs les plus puissants. Pour éviter de venir empiéter sur les plates-bandes du PowerBook G4, Apple n’a prévu pour son iBook ni FireWire 800, ni SuperDrive, ni carte Gigabit Ethernet, ni clavier rétro-éclairé. Cependant, la gamme d’origine (PowerBook professionnel contre iBook grand public) perd en lisibilité, avec des modèles qui partagent le même processeur, les mêmes diagonales d’écrans, et une carte-mère peu différenciée (embarquant de la mémoire vive DDR à 266 Mhz pour l’iBook contre 333 pour le PowerBook).

Le 19 avril 2004, la gamme est à nouveau améliorée, profitant d’une forte augmentation de la cadence des G4. Deux modèles cohabitent maintenant, à 1 et 1.2 Ghz, alors que les PowerBooks reprennent le large (de 1.3 à 1.5 Ghz). Disponible sur l’AppleStore, un graveur DVD SuperDrive peut compléter le tout, ainsi qu’AirPort Extreme. Cependant, si la gamme iBook est à la une chez Apple, c’est pour d’autres raisons, puisque l’opération d’extension de garantie a été à nouveau étendue : les petits portables souffrent d’un défaut de fabrication de la carte-mère, et présentent parfois des problèmes d’affichage. En l’espace de six mois, la gamme de modèles visés par l’opération a plusieurs fois été élargie pour viser tous les modèles fabriqués entre mai 2001 et octobre 2003.

Le 19 octobre, nouvelle augmentation, la machine atteignant 1.2 et 1.33 Ghz, tout en voyant son prix baisser, le premier modèle passant sous la barre des 1000 dollars. La valse des mises à jour se termine pour l’iBook le 26 juillet 2005, avec 1.33 et 1.42 Ghz. L’iBook gagne quelques raffinements de son aîné le PowerBook : le Sudden Motion Sensor qui détecte les chocs, le TrackPad avec défilement, et 512 Mo de ram pour tout le monde.

Après presque sept années de bons et loyaux services, le plus craquant des ordinateurs d’Apple cède la place à son remplaçant, le MacBook, le 16 mai 2006.