En août 1997, Apple présente enfin un successeur au système 7, après des années d’errance avec le projet Copland. C’est justement le moment que choisit Omega, une société allemande, pour annoncer qu’elle a mis au point un clone du système 8, qu’elle a appelé COS. Un projet tellement révolutionnaire que même Wired en parle longuement.
Selon le PDG de la société, cela fait 7 ans qu’Omega travaille sur son système : au début, elle souhaitait seulement créer un module de sécurité pour Copland puis, face à l’arrêt du projet par Apple, elle a décidé de développer son propre système d’exploitation. 20 ingénieurs qualifiés travaillent pour finir de mettre au point le système, dont la commercialisation est prévue pour la MacWorld Expo de Dusseldorf, en novembre 1997. En fait, quand la rumeur commence à se répandre, le système est en fin de phase de beta-testing : il est donc presque prêt !
COS n’a, sur le papier, que des avantages : il ne coûte pas plus cher que MacOS (seulement 100 dollars) et, de plus, c’est un shareware : on peut l’essayer gratuitement pendant 20 jours ! Il est parfaitement compatible avec MacOS : toutes les applications, ainsi que les extensions et les tableaux de bord, peuvent fonctionner sous COS. Mais ce système ne se contente pas de copier MacOS : il l’améliore sur bien des points. Tout d’abord, il n’occupe que 500 Ko de mémoire vive (12 Mo pour MacOS), et se contente de 12 Mo de disque dur contre une centaine pour MacOS 8… Tout cela permet aux applications Mac de tourner de 4 à 6 fois plus rapidement qu’avec le système d’Apple ! Le tout étant résistant au crash et capable de tirer partie de plusieurs processeurs…
Mais le point fort de COS, c’est la sécurité, comme le rappelle la page du site dédiée au projet : le système se dit certifié B2, là où Windows NT est à peine certifié C2, et encore, quand le réseau est débranché ! C’est justement sur ce point que les premières critiques vont apparaître : on ne certifie pas un système comme ça, en quelques semaines ! Non seulement il faut du temps (pas loin d’un an de procédures de tests), mais, de plus, un système ne peut être certifié que sur une machine en particulier : un système peut être certifié B2 sur un certain type de machine, ce qui n’implique pas qu’il soit certifié sur une autre configuration.
Les autres critiques ne tardent pas : comment une si petite société aurait-elle pu réaliser, sans aucune aide ni aucun ingénieur d’Apple, un tel système ? En effet, le système et les matériels d’Apple contiennent de nombreux bugs qui ne sont pas documentés, et que seuls les ingénieurs d’Apple peuvent donc contourner. De plus, faire tourner un système aussi complet dans 500 ko de ram est impossible : même les meilleurs micro-noyaux Unix occupent près de 2 Mo de ram, sans compter les indispensables « Core services », qui sont à la base du fonctionnement des applications et qui nécessitent encore quelques Mo de mémoire vive. Sans parler des besoins de mémoire de l’interface graphique…
Un autre gros problème, c’est qu’Omega aurait travaillé sur un système compatible avec MacOS 8, et l’aurait mis au point seulement 2 mois après la sortie du système d’Apple… Même si COS était prévu pour être compatible avec le système 7, deux mois n’auraient sûrement pas été suffisants pour analyser MacOS 8 et adapter COS au nouveau système d’Apple !
Finalement, pendant quelques semaines, on imagine des solutions : COS ne serait qu’une amélioration du Finder, et non du système tout entier. Aucune version beta n’étant distribuée, aucun journaliste n’étant invité à tester le système, la conclusion finit par s’imposer d’elle-même : tout cela n’est qu’une supercherie. Et COS ne pointera jamais le bout de son nez. De toute façon, la capture d’écran de COS circulant sur Internet était bourrée d’erreurs : en allemand (alors que le système n’était censé être développé qu’en Anglais et en Japonais), elle présentait des problèmes de classement, des erreurs de nombre de fichiers, ou encore de fenêtres actives…